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Reprise des protestations pro-démocratiques à Hong Kong

juillet 2, 2020

Après une diminution des manifestations pro-démocratiques depuis l’apparition de la maladie à coronavirus (COVID-19) en décembre 2019, le mouvement de protestation populaire à Hong Kong semble reprendre de l’ampleur. 

L’assouplissement des restrictions mises en place pour lutter contre la propagation de la COVID-19 est partiellement en cause, mais également certains développements perçus comme un renforcement de l’emprise de la Chine sur le territoire. 

En effet, le 29 mai, le Congrès national du peuple chinois (NPC) a approuvé une résolution pour une nouvelle législation sur la sécurité nationale couvrant spécifiquement Hong Kong, tandis que le Conseil législatif de Hong Kong (LegCo) adoptait le 4 juin un projet de loi controversé rendant illégal le non-respect de l’hymne national chinois. Plusieurs manifestations ont eu lieu en mai et au début juin, notamment le 9 juin pour marquer le premier anniversaire du mouvement de protestation.

Bien que les manifestations demeurent généralement plus modestes que celles de 2019, le nombre de participants augmente graduellement. Malgré l’interdiction de grands rassemblements toujours en vigueur, des milliers de personnes ont participé aux manifestations du 24 mai pour s’opposer à la législation sur la sécurité nationale, de même qu’à la vigile pour commémorer les événements de la place Tiananmen le 4 juin. Si certaines violences se sont produites, notamment lors des manifestations du 24 mai, elles n’ont pas encore atteint les niveaux observés en 2019. 

Néanmoins, la police a eu recours à plusieurs reprises aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau, au poivre de cayenne et à des projectiles pour disperser la foule. Des engins explosifs improvisés et d’autres armes ont été découverts ou saisis par la police, ce qui pourrait démontrer l’intention des manifestants plus radicaux de causer des dommages et d’intensifier le conflit.

 

A Pro-democracy protester with raise hands

 

Perspectives

 
Il est fort probable que les manifestations se poursuivront à court terme. Selon un sondage réalisé en mars 2020 par l’Institut de recherche sur l’opinion publique de Hong Kong, le soutien au mouvement demeure élevé. On rapporte également que les services de police de Hong Kong sont en train de créer une unité chargée de faire appliquer une nouvelle loi sur la sécurité nationale qui interdirait la sécession, la subversion du pouvoir de l’État, les activités terroristes, l’ingérence étrangère et d’autres activités qui mettraient en danger la sécurité nationale. Cette unité pourrait provoquer un nouveau conflit avec le mouvement de protestation. Dans la foulée de la nouvelle loi sur la sécurité nationale et du projet de loi sur l’hymne national, tant le nombre de manifestations que le potentiel de violence devraient augmenter.
 
Enfin, les activités commerciales seront sans doute affectées par l’incertitude provoquée à la fois par la nouvelle législation et par les nouvelles politiques américaines en réponse à la situation. En effet, le 30 mai dernier, le président américain Donald Trump a révoqué le traitement préférentiel accordé à Hong Kong et a déclaré que des sanctions seraient imposées aux personnes responsables de l’érosion de l’autonomie politique du territoire. Alors que quelques entreprises ont ouvertement déclaré leur soutien à la nouvelle législation sur la sécurité nationale, ces entreprises sont particulièrement dépendantes de Hong Kong et/ou de la Chine pour leurs activités commerciales et n’ont guère d’autre choix que de se soumettre. Puisque les détails des politiques américaines et chinoises restent flous, la plupart des entreprises préfèrent adopter une approche prudente, tout en explorant des possibles plans de sortie visant à déplacer leurs opérations hors de Hong Kong si la situation devait se détériorer.