Que ce soit pour venir en aide aux assureurs, avocats, entreprises, institutions financières ou aux services publics et gouvernementaux, être un expert-conseil en investigation apporte son lot d’action au quotidien. Son travail consiste principalement à effectuer des recherches approfondies afin de déterminer si une demande d’indemnisation constitue une tentative de fraude. Dans leur rôle, les enquêteurs peuvent aussi avoir à examiner les biens endommagés, à coordonner avec les forces de l’ordre, à passer une entrevue avec le demandeur et à recueillir des renseignements sur le sinistre.

Afin de démystifier la nature de leur travail et vous aider à faire des choix éclairés si vous devez faire appel à eux, nous avons posé quelques questions à deux de nos experts en cyber enquêtes, Luc Corbeil et Olivier Soucisse.

Quel est exactement votre rôle ?

Luc : Le rôle d’un cyber enquêteur est de collecter, de préserver et d’analyser des éléments informatiques dans le cadre d’une procédure légale, civile ou liée au droit du travail. Le cyber enquêteur produira par la suite un rapport d’expertise contenant les éléments pertinents au mandat, suivi d’un témoignage d’expert si demandé. En anglais, ce domaine s’appelle « Computer Forensics ».

Olivier : En tant que Directeur du département renseignement et analyse, je m’assure que mon équipe d’enquêteurs et d'enquêtrices en renseignement aient les outils et les connaissances nécessaires afin d’effectuer leur travail. Je me charge de conseiller les clients en matière de renseignement pour qu’ils puissent prendre des décisions d’affaires éclairées. Je m’assure également que mes différents collègues aient les informations nécessaires afin que le traitement de leurs dossiers se déroule adéquatement.

Quelles sont les qualifications utiles pour faire votre travail ?

Luc : Dans l’univers de la cyber enquête, les qualifications nécessaires sont acquises par le biais d’une certification et d’une formation spécialisée offerte aux États-Unis. Les certifications les plus reconnues dans le domaine sont les EnCE et MFCE.

Un bagage très large en informatique est préférable. Connaitre un peu tous les sous-domaines de l’informatique est primordial, car un cyber enquêteur est confronté à différentes technologies tous les jours et doit pouvoir interpréter ces données. Donc, être un informaticien très débrouillard, curieux et passionné par les nouvelles technologies.

Olivier : Avoir une bonne capacité à communiquer avec les gens, une ouverture d’esprit et des connaissances générales dans différents milieux. Ma formation académique me permet, entre autres, d’être attentif aux besoins de mon équipe et de gérer adéquatement mes ressources. Les connaissances que j’ai acquises au fil de ma carrière m’ont permis d’avoir une bonne capacité de jugement et de prendre des décisions éclairées.

Quel type de travail faites-vous spécifiquement en lien avec la cyber sécurité ?

Luc : La cyber enquête et la cyber sécurité sont deux domaines complètement différents. Un cyber enquêteur n’agit nullement au niveau de la sécurité d’un environnement informatique, il enquête suite à une faille de sécurité (d’où provient l’attaque, qui a ouvert le courriel avec le virus, qui a communiqué son mot de passe, etc.). Un cyber enquêteur agit en « post-événement » lors d’un enjeu de sécurité. C’est un peu comme quand il y a un incendie dans un bâtiment ; quand le feu fait rage, les pompiers sont là pour l’éteindre (cyber sécurité), puis une fois le brasier éteint, les enquêteurs en sinistre prennent la relève pour tenter de définir où et comment l’incendie a débuté (cyber enquêtes).

Comment vos clients vous contactent-ils ?

Luc : La plupart du temps, c’est notre réputation comme cyber enquêteur qui fait en sorte qu’un client nous est référé. Dans la province du Québec, il n’y a qu’une poignée de professionnels compétents dans ces types de mandats. C’est un petit monde, et le mot se passe vite dans les cabinets quand nous avons fait du bon travail.

Dans la majorité des cas, c’est l’avocat dans un dossier qui nous contacte, ou encore les ressources humaines d’une entreprise ou les membres de différents ordres professionnels.

Olivier : Nos clients nous réfèrent fréquemment à de nouveaux clients. D’autres bureaux d’enquêtes de différentes juridictions font également appel à nous et ces derniers nous contactent via la World Association Detective (WAD) dont nous sommes membres.

Quels sont les plus grands défis dans votre domaine de travail ? 

• Réussir à livrer les demandes du client à temps, car les demandes légales sont souvent très urgentes ;
• Connaitre toutes les nouvelles technologies et applications sur le marché et être en mesure de les tester. Donc, suivre la vague ;
• Avoir sous la main les logiciels et équipements requis pour traiter tous les types d’appareils et de données rencontrés lors de nos enquêtes, ce qui peut s’avérer très couteux ;
• Réussir à recruter des nouveaux employés qualifiés dans le domaine de l’enquête. Plusieurs candidats(e)s possèdent des qualifications en informatique, mais peu connaissent l’enquête, les aspects juridiques et l’expérience de témoigner dans un procès.

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